Il existe maintes versions littéraires de la mort du roi Arthur avant les œuvres les mieux connues, celles de Malory et Tennyson. Cet article examine une des versions de l'histoire dans la littérature française médiévale, l'ouvrage narratif anonyme du treizième siècle La Mort le Roi Artu, troisième section du "Lancelot en prose", qui fait partie de la Vulgate de la "Matière de Bretagne" française. Nous commentons quelques lignes thématiques importantes de l'ouvrage, avec une approche à son style et son structure du point de vue de la narratologie.
Texte complet au SSRN:
La Structure de La Mort le Roi Artu
Un petit commentaire sur ce roman arthurique anonyme que j'avais écrit il y a bien d'années. Voila qu'il paraît à présent dans deux revues électroniques du SSRN, Literary Theory and Criticism eJournal et Rhetorical Analysis eJournal.
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English abstract:
The Structure of La Mort le Roi Artu
There are many literary versions of the death of King Arthur before the well-known works by Malory and by Tennyson. This paper is concerned with one of the medieval French versions of the story, the anonymous 13th-century narrative La Mort le roi Artu, the third section of the "Lancelot en prose," and part of the so-called Vulgate version of the French 'matière de Bretagne'. This paper comments some thematic concerns of the work and analyses some aspects of its structure and style from a narratological viewpoint.
Note: Downloadable document is in French.
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La Structure de 'La Mort le Roi Artu' (The Structure of 'The Death of King Arthur')
http://papers.ssrn.com/abstract=2174522eJournal Classifications | Date |
LIT Subject Matter eJournals | 15 Nov. 2012 |
RCRN Subject Matter eJournals | 15 Nov. 2012 |
Aussi ici:
_____. "La structure de La Mort le roi Artu." Typescript, U of Zaragoza, 1991.*
_____. "La structure de La Mort le roi Artu." Online edition at Net Sight de José Angel García Landa (2004).*
http://www.unizar.es/departamentos/filologia_inglesa/garciala/publicaciones/mort.html
2012 DISCONTINUED 2020
http://personal.unizar.es/garciala/publicaciones/mort.html
2020
http://ssrn.com/abstract=2174522
2012
Literary Theory & Criticism eJournal 15 Nov. 2012.*
http://www.ssrn.com/link/English-Lit-Theory-Criticism.html
2013
Rhetorical Analysis eJournal 15 Nov. 2012.*
http://www.ssrn.com/link/Rhetorical-Analysis.html
2013
_____. "La structure de La Mort le Roi Artu." In Mejorando lo presente (Blog de notas de mayo 2013) 21 May 2013.*
http://www.unizar.es/departamentos/filologia_inglesa/garciala/z13-5.html
2013 – DISCONTINUED 2018 - Online at the Internet Archive.*
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_____. "La structure de La Mort le Roi Artu." Vanity Fea 21 May 2013.*
http://vanityfea.blogspot.com/2013/05/la-structure-de-la-mort-le-roi-artu.html
2018 – DISCONTINUED 2025 – Online at the Internet Archive.*
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_____. "La structure de La Mort le Roi Artu." In García Landa, Vanity Fea 18 June 2013.*
https://garciala.blogia.com/2013/061803-la-structure-de-la-mort-le-roi-artu-.php
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https://core.ac.uk/download/159489607.pdf
2025
LA StRUCtURe De
LA MORt Le ROI ARtU
José Angel García Landa* Université de Saragosse, 1991 Édition électronique 2004
I. Introduction
Il y a un grand nombre d'œuvres qui ont conservé les histoires arthuriennes: dès le XIIème siècle, la tradition ne s'est pas brisée. Au début du XIIIème siècle, les légendes arthuriennes étaient complètement constituées et elles avaient été groupées en formant quelquefois des cycles homogènes. Dans ces cycles, on raconte, d'abord en vers et après en prose, les extraordinaires aventures des chevaliers de la Table Ronde. Le cycle le mieux connu et conservé est celui de la Vulgate, lequel est divisé en cinq parties: 1) l'histoire du Graal, 2) Merlin, 3) Lancelot du Lac, 4) la quête du Saint Graal, 5) la mort du roi Arthur. Ces trois dernières
parties constituent le Lancelot en prose; depuis l'antiquité ce recueil a su déplacer tous les antérieurs, et on l'a considéré l'unique version authentique de ce qui s'est passé aux chevaliers arthuriens. D'autre part, les cinq noyaux qui composent le cycle sont les uns continuation des autres et ils répondent à une architecture déterminée d'avant.
Sources
La Mort le roi Artu est la troisième partie du cycle Lancelot-Graal, qui suppose "la syntèse du thème profane de Lancelot et du thème religieux du Graal" (Badel 196). Le cycle Lancelot-Graal dérive de la "matière de Bretagne" telle qu'elle avait été remaniée par Geoffrey de Monmouth, Wace et Chrétien de Troyes. Mais ses racines les plus immédiates sont dans l'oeuvre de Robert de Boron, qui a composé en vers à la f in du XIIe siècle un Joseph d'Arimathie, un Merlin et un Perceval
"dont nous n'avons
que les versions
en prose" (Payen
218).** On ignore
s'il y a eu des récits intermédiaires entre Chrétien de Troyes et le Lancelot-Graal. "L'Allemand Wolfram d'Eschenbach, auteur d'un Parzifal qui inspirera Wagner,
prétend se fonder sur un texte provençal d'un certain Kyot; mais l'existence de ce Kyot est l'objet
de vives controverses" (Payen 219).
Le Perceval de Robert de Boron, appelé Didot Perceval, s'achève par une première ébauche de ce qui sera plus tard la Mort Artus. Le monde arthurien ruiné par les invasions saxonnes s'écroule; Arthur, blessé au combat, est t ransporté par la fée Morgane à l'île d'Avalon (que l'on identifie avec Glastonbury). Sombre 'crépuscule des héros' (Frappier) qui sera t raité, d'une manière inégalable, dans la t ragique Mort le roi Artus en prose aux environs de 1225. (Payen 218).
Les oeuvres de ce cycle se réclament souvent la traduction d'un original latin dû à la main de Gautier Map (1137?-1209?) un clerc gallois qui a étudié à Paris, auteur d'un recueil en prose latine, De Nugis Curialum. Les philologues s'accordent cependant pour nier cette attribution, et le plus souvent on voit dans le Lancelot-Graal l'oeuvre d'une équipe d'écrivains.
Vision chrétienne
La Mort Artu est la conclusion d'un cycle qui s'était assimilé à la vision chrétienne du monde dès l'oeuvre de Robert de Boron. Le centre du cycle, la Quête du Graal, est clairement inspirée par l'idéologie monastique. Seulement les chevaliers vierges, purs, ou chastes, Galaad, Perceval et Bohort, réussiront leur entreprise. Galaad convert les païens par la force de la foi, et non par l'épée. Il meurt d'extase et le Graal remonte au ciel.
"La Mort Artus représente le monde arthurien après la Quête. Perceval et Galaad ont rendu leur âme à Dieu: des conquérants du Graal, seul Bohort est revenu à la cour. Privée de ses meilleurs chevaliers, affaiblie par les querelles intestines, celle-ci est engagée dans une rapide décadence, accélérée par le péché des chevaliers. Lancelot lui-même est revenu à ses anciennes amours" (Payen 221-222) —dont il s'était repenti au cours du roman antérieur.
"Dans La Mort Artu, Gauvain, malgré sa conduite trop humaine en ce monde, doit son salut aux prières des pauvres à qui il faisait charité" (Badel 25).
"De l'enseignement chrétien la sensibilité médiévale retient surtout l'idée que l'univers est en sursis, et elle croit percevoir les signes annonciateurs d'une f in proche. Cherchant à concilier la théologie chrétienne et son expérience, qui lui paraît mieux symbolisée par l'image païenne de la roue de Fortune, l'homme du Moyen Age sombre dans le pessimisme: le monde s'achève mal, comme le signifie magnifiquement La Mort Artu qui raconte la f in annoncée, prévue et inéluctable de la Table Ronde" (Badel 42). "Fortune élève ou précipite les rois pour l'édif ication des hommes, pour que chacun se rappelle la
vanité des grandeurs terrestres, morale qui est celle de La Mort
Artu " (Badel 49).
L'idéal courtois est insuffisant pour un nombre de ses partisans. Chrétien de Troyes oppose l'idéal courtois limité de Gauvain à un idéal chevaleresque plus naïf mais uni a la foi chez Perceval. "La Queste, inspirée par des moines, va beaucoup plus loin: les héros ne sont admis dans la chevalerie célestielle qu'à condition de renoncer à la chevalerie terrienne. Gauvain devient le type même du reprouvé. La Mort Artu , sans être aussi catégorique, ne fait pas moins coïncider la f in du monde arthurien avec l'apparition de la démesure chez Gauvain. Il ne se passionne et ne s'émeut que pour se perdre et perdre les siens" (Badel 81).
"Tragique roman où la Providence redevient la triste Fortune, qui élève pour mieux abattre. Mais la Mort Artus n'est pas désespérée: les héros meurent sauvés, touchés par la grâce du repentir. Plus humaine que la Queste, la Mort Artus ignore la sainteté des purs, de ceux que n'atteint pas le péché, mais elle ouvre le Paradis à tous ces pécheurs qui ont racheté leurs fautes par une sainte expiation. La Mort Artus, pessimiste dans son fond, montre la f ragilité des empires et de la gloire; mais elle ne rejette pas toute espérance et reste un roman spirituel, au même titre, mais à un moindre niveau que la Queste" (Payen 222).
Le merveilleux
On trouve, bien sûr, le merveilleux caractéristique du roman breton dans la Mort Artu comme dans le reste du cycle: il suffit de penser au pouvoir miraculeux de Gauvain qui est imbattable vers l'heure de midi, ou à la f in du roman, lorsqu'une main sortie du fond du lac ramasse Excalibur lancée par Girflet. Mais le merveilleux est utilisé d'une façon plus restreinte que dans le reste du cycle. Même le moment presque mystique de la mort du roi f init "le plus rationnellement du monde" (Micha 220), avec une tombe et un épitaphe comme on trouve pour un nombre d'autres personnages dans le roman. On peut toutefois, si l'on veut, penser que ce n'est pas Arthur qui gît sous cette tombe prosaïque; le point de vue du lecteur correspond souffre en ce moment de la restriction de champ que suppose la perspective de Girflet. Nous apprenons la mort du roi en même temps que lui, et elle reste mystérieuse, jamais souscrite par la voix du narrateur. On songe au mystère du Graal dans le Perceval de Chrétien, un symbole religieux qui n'est mystérieux que par la perspective limitée de Perceval, un chevalier sauvage qui ne connaît rien aux rites du Christianisme.
Le traitement psychologique des personnages
Le roman, ancien ou breton, pousse plus loin que la chanson de geste l'analyse de la psychologie des personnages. Une partie de cette évolution est dûe à l'inf luence de la littérature courtoise et l'importance croissante d'un sujet qui favorise les conflits intérieurs des héros: l'amour. L'amour jaloux de Guenièvre pour Lancelot "suffirait à montrer les progrès accomplis par le roman depuis Enéas. Il y a un monde entre la raideur scolaire du roman antique et la f inesse de la description de la jalousie chez Guenièvre, femme vieillissante redoutant une jeune rivale [la demoiselle d'Escalot]; accumulant ce qu'elle croit les preuves de la trahison de Lancelot, ignorant ce qui semble parler en faveur de lui; avide de vengeance; souffrant cependant de voir sa haine faire le vide autour d'elle; mais se raidissant dans un mépris hautain pour le traître" (Badel 171). Une représentation négative de la femme, commune au Moyen Age, soutend la Mort Artu (Badel 84).
Le traitement des attitudes et des dialogues entre les personnages et leurs confidants est moins méchanique et plus suggestif. Dans le chapitre 30 "il y a comme un léger décalage entre les propos de Gauvain et d'Artu, ce dernier ne répondant pas exactement aux propos rassurants tenus par son neveu. Ce mince écart suggère qu'il n'y a pas vraiment dialogue, il laisse entrevoir les pensées secrètes qui obsèdent Artu, sa hantise d'être trompé, malgré qu'il en ait; car ce que dit Gauvain n'interrompt pas sa propre méditation" (Badel 173).
Les personnages sont plus individuels; "on mesurera . . . la nouveauté apportée par le roman en prose en comparant les trois traîtres [du Tristan ] de Béroul, un choeur indifférencié, aux trois f rères de Gauvain dans La Mort Artu : ils jouent le même rôle, mais chacun a un visage qui lui est propre" (Badel 175).
II. Structure du récit
Les f ils de la narration
La chanson de geste ne comprend d'habitude qu'un seul fil narratif; le poète suit les aventures du héros et ne se détache pas de lui, ou tout au plus montre l'antithèse des attitudes héroïques dans le champ des païens (le Roland est néanmoins
un peu plus élaboré).
Le développement de la narration
spatiale va s'effectuer dans le roman. Le roman se lit au lieu de se
réciter face à un public; cela lui permet de développer une structure plus complexe. C'est un genre plus reposé,
moins conditionné par la nécessité de maintenir l'attention immédiate du public;
le traitement en détail des personnages et celui
de la structure narrative sont deux phénomènes très liés en ce sens.
On trouve dans la Mort Artu une expression qu'on ne rencontrait guère dans les chansons de geste que nous avons lues: "Maintenant l'histoire cesse de parler de lui et reparle de Gauvain et Gariet" (§ 22); "Ici l'histoire ne parle plus d'eux et retourne au roi Artu" (§47). Cette transition encore assez gauche entre les épisodes est le signe d'une plus grande complexité narrative. L'action n'avance pas dans un seul plan: la causalité de l'oeuvre est plus complexe et admet la convergence de matériaux relativement autonomes, des histoires des dif férents personnages, pour contribuer à la résolution f inale. "L'entrelacement, plus accusé dans la première moitié, mène de f ront plusieurs épisodes en les liant très étroitement les uns aux autres pour le progrès de l'action: l'accusation d'Agravain, la demoiselle d'Escalot, l'af faire Mador de la Porte. Ces trois grands thèmes, soutenus de façon continue par celui de la passion de Lancelot et de la jalousie de la reine, se combinent pour aboutir à la condamnation de Guenièvre dont Lancelot se fait le champion, ce qui nous vaut, comme dans le Lancelot, des récits coupés à dénouement retardé" (Micha 126). On trouve trois épisodes dif férents dediés à la demoiselle, entrelacés avec l'histoire principale et trois épisodes de Mador. Vers la f in, la trahison de Mordred précipite le dénouement et la structure se fait plus simple, plus directe: "l'entrelacement s'estompe, les conflits s'enchaînent selon un rythme pressé" (Micha 127).
"L'exiguïté de l'oeuvre interdit le jeu des symétries, habituelles au Lancelot" (Micha 127), mais on trouve ici une "construction plus dense, qui se hâte par des rouages minutieusement agencés vers une f in inéluctable et un presto qui se termine dans les dernières mesures par un ralentendo, par un apaisement où s'opère la transfiguration de ceux qui s'étaient longtemps égarés et qui accèdent à la réconciliation avec Dieu et avec eux-mêmes, dans la mort" (Micha 313).
C'est là une structure qui deviendra peut-être la plus commune dans le roman du futur: l'entrelacement des f ils de l'action conduisant à un moment climatique, qui ne coïncide toutefois pas avec la f in de l'oeuvre (comme dans le conte); à ce noeud suit un anticlimax qui nous renseigne sur le sort futur des personnages, ici representé par leur entrée en religion.
Le temps
La structure temporelle de l'oeuvre est soumise à ce rhythme croissant vers un maximum, et contribue à le créer. Selon Micha, les rappels internes sont rares, dû à cette briéveté de l'oeuvre. Il y a une seule analepse ou retour en arriere de la narration: l'histoire du don magique reçu par Gauvain (§ 154). "On va ici de l'avant sans s'attarder, et la chronologie assez
lâche ["sauf dans le premier
tiers", Frappier 366] contribue au caractère éminemment dramatique de la composition" (Micha 127).
On trouve, par contre, un nombre de prolepses nettement prophétiques: le conseil de Gauvain dans le rêve d'Artu (§176); l'inscription qu'Artu et l'évêque trouvent taillée depuis longtemps dans la roche, et qui annonce la bataille f inale et la mort du roi (§ 178). Il y a d'autres: "on prévient le lecteur du départ d'Arthur pour Avalon . . . , de la mort de la demoiselle d'Escalot, du tournoi de Camoalet, . . . de la trahison de Mordred, de la mort de Gauvain. La narration de la Mort Artu est consciente de la grandeur de la catastrophe qu'elle présente: cette narration regarde constamment sa propre f in et la prépare d'un ton solennel.
La f in
Quelques-uns des motifs de la Mort Artu étaient déjà en germe dans l'Historia regum britanniae. Les amours de la reine sont aussi à l'origine de l'ef fondrement du royaume, mais c'est avec Mordred que la reine "était unie en abominable adultère" (§ 176), lorsque le roi est sur le point d'envahir Rome. En effet, il n'y a pas encore de Lancelot dans l'ouvrage de Guillaume
de Monmouth. Quand Arthur revient Mordred prend la fuite après une première bataille:
Lorsque la reine Guenièvre le sut, elle perdit à l'instant tout espoir et fuya d'Eboracum à la Ville des Légions; là, dans l'église de Jules le Martyr, elle prit l'habit de nonne et promit de vivre chastement (§ 177).
Dans la bataille f inale, qui a lieu en Cornouaille, beaucoup de champions meurent, mais on ne trouve pas Arthur en seul survivant au milieu d'un champ de morts, ni l'atmosphère merveilleuse du roman f rançais:
Et Arthur lui-même, ce roi célèbre, fut blessé de mort et, emporté de là à l'île d'Avalon pour guérir ses blessures, il céda la couronne de Bretagne à son cousin Constantin, f ils de Cador, duc de Cornouaille, en l'an 542 de l'incarnation du Seigneur. (§ 178).
On remarque qu'ici Arthur disparaît tout simplement, ou sa mort est annoncée d'une manière oblique. Dans les chansons celtiques du Livre Noir de Caermarthen (Pays de Galles) on dit qu'"il y a une tombe pour Mark, une tombe pour Gwythur, une tombe pour Gwgawn à la rouge épée; un mystère est la tombe d'Arthur". Et Guillaume de Malmesbury, qui écrit quelques ans avant Geoffroi de Monmouth, nous dit que "Le tombeau d'Arthur ne se trouve nulle part, et c'est pourquoi les anciennes ballades rêvent qu'il va revenir". Arthur est devenu une espece de symbole pour les races celtiques, assujetties et refoulées dans l'extrême occidental de l'Europe. Mais les versions f rançaises ne se soucient pas de maintenir ce mythe
et préfèrent
de laisser le sort d'Arthur
plus clair. "Robert de Boron, portant
un coup fatal
aux mythes de la survie
d'Arthur et donc aux espoirs celtiques
d'une reconquête bretonne
sur les envahisseurs saxons, puis normands,
réussit à la fois à f latter les gens de Galles et de Cornouaille en magnifiant leur passé prestigieux, et à contenir
un peu plus leur désir
de revanche que brise définitivement à la f in du siècle 'l'invention' du tombeau d'Arthur
à Glastonbury" (Payen 218). Reste pourtant l'ambiguïté que nous avons montrée
due à l'usage de la perspective limitée
d'un personnage. On la trouve
même dans l'annonce qui ouvre le livre, selon
lequel l'ouvrage s'achève
avec Arthur blessé
à Salisbury, "et
comment il s'est éloigné de Girflet, qui l'avait accompagné si longtemps, de manière que personne ne l'a vu en vie après lui"
(§ 1).
Note
* En collaboration pour l'introduction avec Elena Gual, Cristina Fernández, Pilar Almunia.
** "Si toutefois le Didot-Perceval est bien le dérimage de son Perceval perdu" (Payen 187).
Bibliographie
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Frappier, Jean. Etude sur La Mort le Roi Artu, roman du XIIIe siècle. 2ème ed. Genève, 1961.
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